TESTAMENT.BE - 13. Mode de gouvernance: bilan et pistes de réflexion

Il parait difficile d’évaluer les perspectives de développement des activités entreprises par l’asbl Testament.be sans s'interroger sur les limites de son mode de gouvernance, dès lors que celui-ci restreint la possibilité, pour les organisations caritatives qui en assurent le financement, d’être associé via leurs représentants au choix des principales orientations stratégiques.

Carte d’identité

L’asbl Testament.be est pilotée depuis nombre d’années par un C.A. composé de trois membres, dont une personne domiciliée au Kenya et deux collaborateurs - par ailleurs consultants - actifs dans l’entreprise.
Le dernier Bilan annuel publié à la BNB se rapporte à la période 01/04/2019 – 31/03/2020.
Il fait état d’un chiffre d’affaires de 1.449.000 € et indique que l’asbl comptait trois employés (2,3 ETP) durant cette période.

L’entreprise se caractérise par un puissant ancrage local en région brugeoise, tant du point de vue de ses membres du C.A., collaborateurs et nombreux fournisseurs majoritairement établis dans cette région. 
Elle dispose de bureaux à Bruges et à Bruxelles.

Testament.be s’inscrit dans la mouvance des nombreuses entreprises à finalité sociale établies sous le statut d'asbl, dont l’expertise vise à rencontrer des besoins spécifiques émanant du secteur non-marchand: services comptables, graphisme et communication, formations diverses.
L'asbl se caractérise toutefois par un mode de gouvernance qui privilégie la présence au C.A. et à l’A.G. des fondateurs et/ou collaborateurs plutôt que de représentants élus par les organisations caritatives qui assurent le cofinancement de cette structure.
Nombre d'organisations reconnaîtront que la réussite du lancement initial de Testament.be a pu être favorisé par ce mode de gouvernance autoritaire qui a permis aux dynamiques fondateurs de cette start-up à finalité sociale de ne pas être paralysé par de longs processus de concertation.

Pistes de réflexion

Inconvénients du mode de gouvernance non-participatif dans un contexte de monopole
Ailleurs de par le monde la plupart des quelque vingt-cinq campagnes de promotion du legs solidaire (lien) fonctionnent sous l'autorité d'un organe de décision contrôlé par des représentants des organisations affiliées.

Le mode de gouvernance non-participatif de l’asbl Testament.be présente, après dix ans de fonctionnement, nombre d'inconvénients:

• Il ne permet guère aux organisations affiliées - dont les équipes comptent nombre de professionnels du marketing - de peser collectivement au travers de représentants librement élus dans les principales décisions stratégiques relatives à la campagne annuelle.
• Ce mode de gouvernance directif perpétue, au travers d'un système particulièrement inéquitable de tarification des frais de participation, un format de campagne qui pénalise les organisations au Potentiel Legs de niveau moyen ou faible.
  On constate qu'à l'inverse les campagnes britannique et néerlandaise prennent bien mieux en compte les aspirations légitimes de cette importante catégorie d'organisations.
• Ses effets négatifs sont accentués par une situation de monopole: contrairement à d'autres domaines (street fundraising, telemarketing, etc.) pour lesquels les organisations disposent d'une possibilité de choix entre divers fournisseurs, une moindre satisfaction vis-à-vis des services proposés par Testament.be ne permet pas  d'envisager l'adhésion à une initiative alternative.
• Du point de vue de la transparence financière de la campagne annuelle, les donateurs des organisations affiliées pourraient s'étonner de ce que celles-ci renouvellent leur cotisation annuelle relativement coûteuse alors que le Rapport Annuel de Testament.be ne fournit que peu d'indicateurs de résultats détaillés concernant l'affectation du budget annuel de 1,4 million d'euros.

Tout en exprimant leur gratitude pour le travail pionnier initialement mis en oeuvre de manière directive par les fondateurs de Testament.be, les organisations affiliées devraient pouvoir exprimer, si elles le souhaitent, d'être désormais directement impliquées au travers de leurs représentants librement élus, dans les décisions stratégiques majeures concernant la campagne annuelle.

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